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Homenage a LEVY-STRAUSS - en Francés









Autor: Yves Barbier

Mieux comprendre Lévy-Strauss

le structuralisme et la fin de l’homme

Situons-nous dans un courant de pensée illustré par Lévy-Strauss ou Foucault et demandons-nous si le Structuralisme entraînera la fin de l'homme à en juger par le"crépuscule des hommes"pour l'un ou "la mort de l'homme"pour l'autre. Ainsi le sujet de l'Histoire serait-il menaçé et condamné à disparaître? Pourtant la portée de cette mort programmée ne devrait pas nous échapper: tel le phénix l'homme renaîtra à d'autres aventures tant que ne sera pas rompu le cordon bio- logique des générations. En effet le structuralisme met à jour une nouvelle conception de l'homme qui affecte l'ensemble des connaissances et pour tout dire la totalité de l'expérience épistémologique. Pour l'heure il s'agit d'un changement de méthodes et de perspectives remettant en question l'homme de la Tradition.

L'implantation du concept de structure durant la deuxième partie du 20ème siècle n'est pas sans surprendre. Il traduit l'ampleur du phénomène et l'exigence de nouveaux modes de pensées jusqu'à la publicité elle-même qui n'hésite pas à lancer des produits cosmétiques pour"restructurer la racine des cheveux". Pour autant nous n'avons pas affaire à un phénomène de mode. Le Structuralisme exprime le nouveau statut des sciences et se présente comme une étape décisive de l'évolution des connaissances. Véritable théorie du savoir et prise de conscience de l'évolution épistémologique avec une mention particulière aux sciences sociales.Tout chercheur de nos jours est structuraliste même à son insu. Et dans ses profondeurs il est le prolongement du rationalisme scientifique c.à.d.l'expression et l'application des modèles logico-mathématiques à l'ensemble des connaissances. Maître mot de la pensée moderne le structuralisme est lié au développement et aux progrès des recherches scientifiques dans tous les secteurs de la Physique, de la Biologie et des Sciences humaines.


Définition


Qu'entend-on par structure? Inspirons-nous de l'étude de Derrida "l'écriture et la pensée" et prenons comme point de départ (con)struere c.àd.construire. A la racine du mot l'idée de construction que l'on retrouve dans le "construct" anglais, concept utilisé par Bridgman et Tolmann dansl'opérationalisme. Or toute construction implique un Ensemble composé d'éléments. Cet ensemble peut être considéré comme une Forme(Gestalt), une configuration où des rapports de dépendance et de solidarité s'établissent entre les éléments et le Tout. Ce qui conduit à la notion de Système qu'un exemple illustrera simplement:une table. Elle est composée d'un cadre, de pieds, d'un plateau. Chacun de ces éléments remplit une fonction qui les détermine les uns par rapport aux autres et par rapport à l'ensemble. Réduite à l'essentiel la structure n'est rien d'autre que l'ensemble des pièces nécessaires et suffisantes pour qu'un objet soit défini.

De l'ensemble on retiendra les éléments fonctionnels différenciés qui une fois détachés et isolés perdent leurs propriétés caractéristiques comme ce pied de table brisé jeté dans l'âtre parce que privé de sa fonction originelle. Ainsi la structure comprend la forme et le sens ou suivant la formule consacrée, à la fin du 19eme siècle, par la Gestaltthéorie le tout et les parties. Il suffit de s'en remettre aux travaux de Kölher,de Koffka ou deWertheimer sur la perception pour découvrir, grâce à l'application de la méthode expérimentale, les nouvelles orientations de la psychologie avec un souci d'objectivité et de rigueur propre aux disciplines scientifiques.

Quel enseignement pouvons-nous tirer de la Gestalttheorie? La perception sensorielle est structurée:on ne perçoit pas les choses n'importe comment, au gré de sa fantaisie. Organisée elle répond à des schémas pré-fabriqués, pré-constitués qui s'imposent au sujet. Encore convient-il de se situer en amont de l'acte de percevoir privé des apports du milieu socio-culturel, avant l'éducation linguistique et de s'en tenir à une perception non élaborée. Voici quelques exemples de figures perçues.

1/ un schéma de points(éléments non significatifs) répartis comme suit:

1 2 3 4 5 6

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .


spontanément nous saisissons des colonnes de points groupés 2 à 2. Les points se distribuent d’eux-mêmes selon un schéma dans l’espace perçu. Leur ordonnance s’impose à moi si bien que nous assistons à une organisation spontanée du champ perceptif, d’où la loi de la « bonne forme »de Wertheimer dans le dispositif de la perception.


2) rapport figure-fond Dans le même ordre d’idée, une mélodie sera saisie dans un ensemble où les sons ne sont

pas perçus isolément mais en fonction l’un de l’autre suivant un rythme harmonique propre(structure).

Ainsi se dégage du champ perceptif la notion de structure.

Parallèlement aux recherches de la psychologie de la Forme la notion de structure s'affirme et s'impose dans les autres secteurs scientifiques pour donner naissance à un courant désormais appelé le Structuralisme aussi bien dans les sciences physico-chimiques à l'échelle du macrocosme (structure de l'univers) et à l'échelle du microcosme (struture atomique) que dans les sciences biologiques comme en témoignent les innombrables travaux sur la génétique, la cellule ou la molécule, dont l'étude de J.Monod "Le Hasard et la Nécessité" nous offre la synthèse. Bref la science moderne est la science des structures. Retenons pour la clarté des recherches qui suivent l'intégration des éléments à un ensemble, les relations et corrélations fonctionnelles de chaque élément dans un système, enfin que chaque élément recevant sa fonction et son sens du système préfigure lui-même le système tout entier.

Ainsi cette notion se trouve au coeur de l'activité scientifique contemporaine et les sciences humaines n'y échapperont pas. C'est en se tournant de leur côté que nous découvrirons la signification et la portée actuelle du structuralisme. L'ensemble des phénomènes se répartissent en deux catégories suivant qu'ils relèvent de l'univers physique ou socio-culturel. Les premiers sont régis par des lois qui expriment leur nature à la fois nécessaire, objective et universelle, en un mot leur déterminisme. Les seconds de caractère normatif obéissent à des règles, à un système de règles propres à chaque type de société. Le mérite revient à F.Saussure, à l'aube du 20eme siècle, d'avoir jeté les bases de la linguistique moderne et d'avoir appliqué au au langage, à un fait social, la méthode structurale avec le concours de la psychologie et de la sociologie. Si toute structure se définit par le système qu'elle implique, il est vrai que c'est dans la linguistique, son lieu privilégié, qu'elle s'est développée:elle se présente alors comme la science des signes, des systèmes de signes du type signifiant-signifié impliquant un réseau de communications. Du coup la linguistique servira non seulement de modèle méthodologique à l'ensemble des faits culturels et sociaux qui, selon Levi-Strauss, seront assimilés à un langage. Laissons de côté les divergences entre les tenants de la linguistique et ceux de la sémiotique pour déterminer leur fondement et leurs rapports et bornons-nous aux principes fondamentaux pour guider nos recherches vers les nouvelles assises philosophiques .

Le langage se décompose en langue et parole: voir le cours de linguistique générale de F.Saussure Les langues sont donc constituées en systèmes à l’intérieur desquels des signes sont différenciés et rendus signifiants, établissant entre eux des rapports, donnant lieu à des combinaisons régies par un dispositif de règles.

Insistons encore sur le fait que tout système linguistique se définit par une structure où chaque élément différencié remplit une fonction:différence et fonction sont bel et bien les clés du système. Comme nous avons vu qu’une table se décompose en éléments(pieds, cadre, tiroirs)de même une langue se détermine par des éléments propres, des signes caractérisés par leur rôle différenciel et fonctionnel : les phonèmes L et R me permettent de distinguer pelle de père, pâle de parc et ainsi de suite... On débouche alors sur un code de combinaisons et d’associations d’unités linguistiques par voies d’inclusions et d’exclusions. On notera au passage qu’avec un nombre limité de signes(alphabet, notation musicale) les combinaisons, régies par des mécanismes précis peuvent se multiplier à l’infini et engendrer des formes toujours renouvelées(textes, partitions musicales etc.).Tout système fonctionne comme un code conférant à chaque élément sa valeur: un son isolé non in- corporé à une mélodie ne serait qu’un bruit. Ainsi les linguistes les plus éminents F.Saussure, H.Jemslev, Troubetzkoy ou Chomsky ont décrit le rôle déterminant du système et de sa fonction signifiante c.à.d. de la structure dans la fonction du langage.

Loin d’être parcellaire, fragmentaire...le langage n’est pas une addition ou collection d’éléments. Comme le reconnait Lévi-Strauss s’interrogeant sur les origines du langage : il "n’a pu naître que tout d’un coup "et non de balbutiements et de tâtonnements sémiotiques à partir d’éléments isolés, de sonsin-signifiant(s)en sons signifiant(s) par exemple, tournant le dos à l’onomatopée tombée en disgrâce. La clé du langage se trouverait dans son avènement soudain si bien que l’Histoire repose sur une énigme : comprendre. Or nous sommes à la racine même du langage. Impossible de remonter plus loin car la fonction symbolique est inexplicable. Si comprendre c’est saisir un sens, on n’est guère plus avançé. On comprend ou on ne comprend pas, sans pouvoir expliquer pourquoi on comprend. Ainsi la clé de voûte de tout l’édifice linguistique réside dans l’intuition de comprendre. Force est de constater que le passage de l’état de nature à l’état de culture reste mystérieux et problématique : rupture ou continuité ?

Quel est le lien secret du cri à la parole ? A La neurophysiologie et aux sciences humaines de nous apporter un jour la réponse. La révélation du sens par une intuition propre à la phénoménologie a fait surgir l’homme des ténèbres, d’un monde froid et in-différencié...in principio erat Verbum. Porteur du sens le langage est signifiant : telle est l’idée maîtresse. Il s’ensuit qu’il n’y pas d’ordre antérieur au langage et que le monde non-parlé est un monde amorphe privé de sens, la structure étant précisément l’unité de la forme et du sens. N’est-ce pas Saussure qui considère la pensée non parlée comme une réalité psychique amorphe, comme une nébuleuse ? Difficile de se prononcer dans l’ordre des préséances entre la pensée et le langage. L’intution du sens jaillit de l’organisation linguistique elle-même et l’on pressent déjà le coup porté au sujet pensant, à l’ego réintégré dans un Ordre qui le surpasse. En tant que phénomènes culturels les structures linguistiques font partie de notre inconscient. Qu’on se reporte aux travaux de l’ethnologue américain Boas sur cette question capitale, commentée en ces termes par Levi-strauss :« la structure de la langue reste inconnue de celui qui parle jusqu’à l’avènement d’une grammaire scientifique...imposant à sa pensée des cadres conceptuels qui sont pris pour des catégories objectives ». D’où l’illusion d’une pensée précédant le langage, l’illusion que je puisse penser avant le discours en deçà du système linguistique. Dans une proposition telle que «voulez-vous aller au cinéma avec moi ce soir?» j’utilise les catégories grammaticales d’un système où sont distingués pronoms, verbes, substantifs...Or c’est cet inconscient catégoriel qui permet de donner un sens à mon projet. L’inconscient étant masqué permet au projet de devenir conscient mais avec la possibilité de masquer ou de démasquer l’un et l’autre alternativement. Pour revenir à mon illusion, je me crois doté d’une pensée porteuse de sens, la langue se réduisant au rôle de véhicule. On ne peut de fait isoler la pensée du dispositif linguistique qui lui est sous-jacent, dissimulé en quelque sorte dans l’inconscient. Apprendre à parler, apprendre à écrire c’est passer par l’acquisition d’un système linguistique et l’enregistrer dans l’inconscient. Sur ce fond invisible progresse la pensée. Il suffira d’évacuer le locuteur, de renvoyer l’acteur en coulisse pour mettre à nu l’appareil linguistique et en dégager la structure. On se dirige alors vers un formalisme structural dont le plus bel exemple est fourni par les modèles mathé- matiques de l’axiomatique moderne: systèmes ou ensembles dont les modalités relationnelles sont indépendantes des objets auxquels ils peuvent s’appliquer, indépendantes de tout contenu. Chacun sait que la mathématique est une science sans objet c.à.d. sans référent extérieur à elle-même. Elle tire sa propre logique d’elle même en fonction de ses axiomes. D’où l’idée d’une algèbre linguistique qui jouerait un rôle analogue à celui de l’algèbre en mathématique.


Nature et fonction des signes

On sait que la démarche saussurienne repose sur la distinction du signifiant et du signifié: un mot désigne quelque chose. Signifiant il a un sens, il indique une direction vers l’objet signifié.Table-perçue(objet) et table-mot(symbole). Objet-présent-perçu(par l’oeil, par le toucher). Objet-absent-pensé(par le signe acoustique, graphique). Penser c’est penser l’absent! Lorsque je perçois, le perçu envahit et investit la conscience si bien que l’objet s’impose et affirme sa présence. Ce que nous appellerons l'évidence phénoménale. La pensée peut à son tour se glisser dans le champ du perçu et procéder à son recensement ou distinguer l’une de ses composantes à l’aide du langage dont elle dispose(recours au signe en tant que signifiant). La pensée peut opérer aussi en dehors de la présence de l’objet à partir de la fonction linguistique(ex. mot plus sens). Penser c’est saisir le sens de...on pourrait même dire « intuitionner »! Ainsi chaque langue dispose d’un jeu souvent très complexe et évolutif (soumis à l’épreuve du temps)de signes signifiant, comme ces éléments articulés qu’on ap- pelle phonèmes. Malgré le souci de récupérer les structures fondamentales dans la diversité des langues, illustré par le triangle vocalique ou le triangle consonanti- que, on constate que le rapport signifiant-signifié varie d’un système à l’autre, conduisant Saussure à dénoncer le caractère arbitraire et conventionnel des signes dans leur fonction signifiante: pas de continuité entre signifiant et signifié, entre la forme et son contenu sémantique, entre la forme et le référencié. Néanmoins que l'arbitraire en question ne nous fasse pas perdre de vue le dispositif régulateur des relations et des fonctions propres aux composantes du système, assurant ainsi sa cohésion et sa cohérence. Un triangle n'est un triangle que par la disposition et l'agencement des éléments (quels que soient les matériaux utilisés). Il est difficile dans ces conditions de s'attarder sur une éventuelle source naturelle du langage. Même si le son est bien le dénominateur commun du cri et du phonè- me, il n’en reste pas moins vrai que l’apport, l’irruption du sens ne peuvent justifier la continuité d'un lien de l’un à l’autre. L’expression linguistique relève d’un ordre culturel en partie étranger à l’ordre naturel. Quant à l’exploration du sens elle ne débouche sur aucune révélation ontologique car l’homme prisonnier du système n’est pas autorisé à s’aventurer au delà du sens. La formule de Heidegger selon laquelle " le langage est la maison de l’Être et l’homme en est le gardien" traduit clairement cette situation mettant un terme à toute spéculation métaphysique. Nul doute que le discours soit le berceau de la pensée.

La pratique d'une langue nous pousse à une certaine crédulité, entretenant l'illusion d'une continuité, d'une parenté voire d'une identification(le même)entre le signifiant et le signifié de sorte que la valeur sémantique de l'énoncé ne fait aucun doute.

Primauté est alors accordée au signifié...avant la lettre, à un"objet", à un pré-supp0sé ontologique reçu par la conscience , se prêtant ensuite à une traduction et à une formulation par le discours. Notre bonne foi peut-elle se porter garant de l' authenticité de l'Être? Ce serait ni plus ni moins retomber dans les errements de la subjec- tivité sur laquelle repose une bonne partie de la philosophie traditionnelle.

Avec la méthode structurale on assiste à un renversement des termes, c'est pour- quoi on peut parler de la révolution struturaliste à l'instar de la révolution copernicienne ou kantienne quand l'accent est mis sur le signifiant: le structuralisme nous invite à nous détourner du sujet pensant et de l'objet pensé, à dépasser la dualité sujet-objet, en précisant le lieu ou le non-lieu du discours et de ses limites. Il s'ensuit un refus du discours comme révélation de l'Être pour ne retenir que la révélation du Sens. C'est la clé de la philosophie moderne prenant à contre-pied la méta- physique et conduisant à une problèmatique de l'Être.

Èclairons cette démarche par quelques exemples des plus simples: les propositions "l'oiseau a quatre pattes","les anges sont roses" ou "il fait beau" ont un sens sans recours à un référent. Mais "anges les pattes fait" est une proposition dépouvue de sens à cause des entorses et des mutilations que l'énoncé fait subir aux règles élémentaires du discours. L'énonçé tire son sens de lui-même dans la mesure où

il s'inscrit dans le dispositif d'une langue et qu'il en respecte le code. Du coup le discours peut ne paraître qu'un jeu puisque signifiant il se contente du sens au mépris du signifié qu'il tende vers lui ou qu'il s'en détourne. Dire que "les voleurs sont dans la maison" n'implique pas leur présence effective! Il faudra, en amont, prendre en compte l'intention du locuteur et, en aval, vérifier le contenu du signifié. Sans oublier le récepteur du discours dont le rôle reste à déterminer...dans un autre débat. Quoi qu'il en soit le discours est porteur de sens. Ce sens conduit-il quelque part?

Laissons la question en suspens. On comprend alors le souci du structuralisme de se dégager de la subjectivité et du devenir historique pour atteindre et récupérer l'essence même de la structure. Souci de couper les liens entre structuralité et historicité, entre le Logos et l'Être et de purger la conscience subjective de ses peurs et de ses démons.

Avec des risques de débordements, le sens tend à se substituer à l'être et à engendrer un sur-être, si bien que l'univers du sens et l'univers de l'être sont loin de coincider. Etablir une correspondance entre les deux univers reste la préoccupation majeure de la pensée historique. La dénonciation de ce défaut de simultanéité porte un coup dur à la Métaphysique qui se voit privée du signifié transcendental quant à ses assises et à ses prolongements ontologiques. L'horizon du logos n'épouse pas l'horizon de l'être. La méthode structurale a permis de dissocier les accords, les ressemblances, les complicités entre les mots et les choses sur lesquels s'est construit jusqu'au 16eme siècle le savoir occidental. De ce point de vue on a affaire à une entreprise de démolition, de déstructuration, de déshumanistion.

Ajoutons, avec Chomsky, que les possibilités de combinatoires du système linguistique sont infinies et les ressources du discours inépuisables. Ainsi se trouve préservée la liberté créative du sujet historique. En récapitulant nous constatons qu'au principe de la ressemblance, de l'identité, du même est opposé le principe de la différance et des différences(la différance avec "a" étant le jeu par lequel s'établissent les différences).

Ce dernier principe étant posé, avec pour corollaire la condition et l'apparition du sens, arrêtons-nous un instant sur l'historicité du discours. Engagé dans une histoire et s'incarnant dans les groupes sociaux, il se propage et se multiplie jusqu'à cette tour de Babel...Or la pluralité du discours appelle une problèmatique: dire le vrai, le faux, le bien, le mal ne nous autorise pas au choix ni à l'engagement à moins de changer d'orbite en sautant du sens à l'intention et à l'acte. Dans le jeu symbolique les permutations sont possibles, les termes interchangeables et le bien peut avoir autant d'attrait que le mal si bien que dès l'origine le discours se voit perturber par les choix de la conscience subjective, victime d'une hubris par introduction, sous couvert du sens, des intentions de la subjectivité. De l'hubris originel résultera l'émiettement du discours. Il apparait donc que de la fonction du langage à la constitution des langues et à l'usage de la parole le sens se fasse conscience. Produit génétique du sens, la conscience , ainsi éclairée et transfigurée, s'empare du discours qui la révèle à elle-même pour le féconder à son tour et le charger du poids de ses intentions. Ce passage de l'objectivité structurale à la subjectivité traduit l'avènement historique de la conscience en mal d'être. Ballotée entre le Discours et l'Être, la conscience découvre son impuissance à fonder l'un et à atteindre l'autre sinon par le subterfuge de la Foi (qui prétend...affirme un être au-delà fort ressemblant à un au-delà de l'être). Et dans sa course vers l'Être la conscience, émergeant des structures linguistiques, finit par imposer son diktat au discours par la tyrannie de ses intentions et par une subversion du sens.

Dans ces conditions on comprend mieux pourquoi le discours, en proie à la lutte des classes et aux conflits idéologiques, n'échappe pas aux contradictions de l'Histoire. Tout discours répond au choix d'une axiomatique qui le prive de toute légitimité autre que sa fonction unitive, exclusive et par conséquent répréssive, quand il tombe entre les mains d'une classe dominante. Le rapport dominant-dominé est de même nature que le rapport signifiant-signifié. Par le discours je donne un sens à mon projet.

A l'échelle politique et sociale le discours une fois officialisé, normalisé, imposé risque de condamner au silence le non-conformiste. Fusiller Garcia Lorca ou enfermer Plioucht dans un asile, c'est faire taire le locuteur, le porteur de parole. A l'inverse dans le monde de la nature physico-chimique sa fonction et sa vocation sont autres puisque le réel est programmé par un langage que le discours est en droit de révéler. Il y parvient malgré les avatars du temps et finit par s'imposer comme l'atteste le progrès des sciences et des techniques. Le discours idéologique est imposé, le discours scientifique s'impose. Constatons avec Foucault que c'est en cherchant le discours que l'homme s'est constitué, que c'est de la fragmentation du sens et de la segmentation des énoncés que l'ego a pu émerger...j'allais dire mon ego, en suivant la courbe tracée par les sociologues de la conscience collective à la conscience individuelle. Mais attention! En se constituant langage de l'objectivité le discours repousse l'homme et l'efface. Telle est la portée de cette révolution qui s'inscrit dans le prolongement du criticisme kantien(qui fixait les conditions et les limites de la connaissance) par évacuation du sujet humain hors du champ de l'épistémè, formulée en ces termes par J.M.Benoit dans son livre intitulé "la révolution structurale"p324:"le point de non-retour, l'irréversibilité de l'épistémè structurale consiste en effet à dissocier l'épistémologie d'avec les philosophies de la conscience et du sujet qui occupent et même encombrent encore le terrain du savoir". Comme le souligne Desanti à propos de la physique et des mathématiques, seule une philosophie du concept peut servir de fondement à une théorie de la science.

A la présence d'un référent authentique nous opposons l'absence et dénonçons ainsi le compromis historique entre le sens et l'être. En dénonçant le compromis historique entre le sens et l'Être le structuralisme libère le langage et lui confère une autonomie qui l'apparente à un jeu propre à toute activité symbolique avec comme conséquence l'expression d'un monde de signes "sans faute, sans origine, sans vérité". Un jeu qui nous interdit, sous peine d'outre- passer les limites du logos et du sens, d'atteindre le référant authentique.

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